ANFORM MARTINIQUE N76

10 anform ! • janvier - février 2018 prendre l’habitude de planter pour soi et pour ses enfants. Cet engage- ment dans le bio n’est pas un effet de mode ou un simple gagne-pain. Il y a chez Malike une vraie volonté de faire passer un message auprès de tous les Antillais et de proposer des solutions au péril de la malbouffe ou aux scandales liés à l’agriculture conventionnelle comme ceux de la chlordécone ou du glyphosate. “Je fais d’abord ce métier pour me nourrir sainement. La nourriture, c’est un alicament. Le rôle principal de l’agri- culteur est de nourrir sainement son ••• Aujourd’hui, en Martinique, selon les statistiques de la Chambre d’agriculture, les professionnels étiquetés bio ne représentent qu’1 % de l’ensemble des agriculteurs. Un pourcentage dérisoire que Malike Malsa voudrait voir grimper. De plus en plus d’appels à projets sont lancés par le ministère pour aider les agriculteurs à se convertir. “Aujourd’hui, il y a une véritable cartographie des terres empoisonnées par la chlordécone. On a aussi beaucoup de terres en friche, des terres saines qui pourraient être travaillées en agriculture biologique. Il y a des mesures incitatives. Il faut que nos poli- tiques comprennent cela. Si on veut développer l’agriculture biologique en Martinique, c’est possible.” 1 % d’agriculteurs bio rencontre peuple. On l’oublie beaucoup.” Pour autant, Malike sait que bio est souvent assimilé àcher, et qu’il faut combattre cette réputation. “Ces produits sont accessibles à tous. On ne cultive pas bio pour une catégorie de personnes.” Il est tout de même conscient qu’au- jourd’hui la production locale est insuffisante pour fournir les grandes surfaces. Même s’il observe que de plus en plus de boutiques et super- marchés bio voient le jour, il regrette que la plupart des produits qu’on y trouve soient issus de l’importation. Il faut donc créer des vocations, inciter de plus en plus d’agriculteurs à se convertir pour changer la donne, mais pas àn’importe quel prix. “Ce doit être une démarche volontaire, consciente. Autrement, ça ne va pasmarcher. Il ne s’agit pas simplement de remplacer les produits chimiques par des pro- duits d’origine organique. On essaie de copier la nature, de comprendre comment un sol fonctionne. C’est tout ça l’agriculture biologique !” Plus de goût Pour lui, le bio a d’autres vertus. “En terme de goût, de texture, ça n’a rien à voir ! Le produit se conserve plus longtemps. Si on prend deux tomates, une bio et une convention- nelle. La bio va prendre plus de temps à mûrir parce qu’on a respecté son cycle naturel mais son goût n’aura rien à voir avec l’autre qui aura été traitée pour accélérer sa croissance ou qui sera remplie d’eau.” Et ce qui est valable pour les plantes et les fruits l’est également pour l’élevage. “Récemment, on a organisé une vente directe de viande puisqu’on avait des bovins à l’engraissement nourris exclusivement à l’herbe. Les gens étaient émerveillés.” © THOMAS THURAR

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