ANFORM MARTINIQUE N76

8 anform ! • janvier - février 2018 rencontre ••• Malike Malsa,  la vie en bio ! À seulement 36 ans, Malike Malsa s’est déjà fait un nom dans l’agriculture. Fervent défenseur du bio et du bon, il est le créateur du jardin de la santé. Bien plus qu’un jardin créole… PAR THOMAS THURAR L’ agriculture, c’était comme une évidence pour le ben- jamin de la famille Malsa. Originaire de Sainte-Anne, un quartier touristique et agricole du sud de la Martinique, il a vu ses parents et grands-parents travailler la terre dans leur jardin créole familial. “J’ai toujours aimé le contact avec la terre, avec la nature. Je suis issu d’une famille d’écologistes.” Le nom de Malsa, bien connu en Martinique, est aussi celui de son oncle Garcin, ancien maire de Sainte-Anne et farouche défenseur de la cause environnementale. Il a été durant de longues années le président de l’Association pour la sauvegarde du patrimoinemartiniquais (Assaupamar). C’est donc tout naturellement, dès son entrée au collège, que Malike choisit sa voie et s’inscrit au lycée agricole de Croix Rivail de Ducos pour devenir agriculteur. “Mes parents m’ont encou- ragé. Ilsm’ont dit : “Fais ceque tuaimes et essaie d’aller le plus loin possible !”” Et très tôt, il opte pour le bio. “Je ne me voyais pas faire de l’agriculture conven- tionnelle avec pesticides. Je suis né dans une atmosphère de militantisme environnemental. C’était donc le bio ou rien.” “Après mon BTS, j’ai travaillé dans une entreprise d’horticulture. C’est pire que tout. Des pesticides à tout-va. Pour se justifier, ils disaient qu’on ne mange pas les fleurs. Je voyais le personnel faire les traitements sans protection. J’ai vite démissionné.” Après cette expérience malheureuse, Malike rejoint l’Hexagone pour des études spécialisées dans le bio. Son parcours le conduit dans une ferme de polyculture et d’élevage certifiés bio à Toulouse. Il y travaille 2 ans avant de rentrer en Martinique pour monter sa propre structure : le jardin de la santé. Sans engrais, sans pesticides Le jardin de la santé, nom trouvé par son père, est situé dans un quartier de Sainte-Anne, un peu avant Cap Che- valier. “C’est sans engrais chimique, sans pesticide. L’alimentation a un lien direct avec la santé. Quand on se nourrit sainement et de manière diversifiée, ça a forcément une réper- cussion positive sur notre santé.” “Le jardin, c’est un lieu qui se visite, mais il est avant tout productif. On y fait essentiellement de la permaculture.” La permaculture est une méthode basée sur la valorisation de la matière organique appliquée à des planches de cultures dites permanentes. La tech- nique employée par Malike s’appelle la lasagne. Elle consiste àsuperposer des couches successives de produits organiques. Plus grosses au début, ces couches deviennent plus fines au- dessus et peuvent accueillir les plants. Cette technique permet de recréer facilement un nouveau sol, riche et malléable car très meuble. Retour à la terre “On travaille à la manière du jardin tra- ditionnel. C’est un mélange de culture vivrière, maraîchère, fruitière, médici- nale et aromatique !” Bien plus qu’une exploitation, le jardin de la santé est aussi un marché bio, ouvert tous les week-ends.Sur son site, Malike reçoit des élèves et des stagiaires. “C’est à la base qu’il faut agir pour sensibiliser au bien-manger et essayer de susciter des vocations.” Car Malike espère un retour à la terre pour tous ses concitoyens. “Ce que je souhaite, c’est que tout le monde, dans la mesure du possible, puisse travailler le sol. Et c’est avec grand plaisir que je leur donne des conseils pour jardiner bio sans pesti- cide. On a même développé un petit concept de jardin en appartement pour ceuxqui n’ont pas de terrain et qui ont une terrasse. C’est possible de faire des légumes pays dans ces conditions.” Pour l’agriculteur, il est important de

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