ANFORM GUADELOUPE N77
mars - avril 2018 • anform ! 137 de nouveaux liens. “Tout enfant peut avoir l’espoir que les parents restent ensemble ouse retrouvent. Les petits comme les grands doivent se sentir écoutés, respec- tés.” Mais il n’est pas toujours évident de donner de la tendresse à un bébé que l’on n’a pas porté. Kessi*n’y arrive pas. Elle ne peut, pour le moment, aimer l’enfant de son conjoint. “L’enfant est inno- cent, je sais, mais je souffre.” La situation est particulièrement com- pliquée dans le cas de ce couple puisque l’enfant est né d’une rela- tion extraconjugale. “Je me suis fait ligaturer, il y a 19 ans, mais mon mari voulait à tout prix un bébé… J’ai beaucoup de mal à lui pardonner mais nous sommes toujours ensemble.” Avec le temps, elle espère pouvoir donner de l’amour à cet enfant qui “aura encore plus besoin d’attention”. PRENDRE LE TEMPS Recomposer une famille nécessite pour les enfants comme pour les adultes de se donner du temps, pour digérer les changements et définir la place de chacun. “ Toutes les histoires sont liées, mais il est primordial pour l’équilibre psycho- logique de tous, que l’ex-relation n’ait pas d’emprise sur la nouvelle. La belle-mère ne se substitue pas au parent mais apporte sa touche éducative”, explique la psycho- logue. Avant de gérer sa famille recomposée, Axel a dû faire le deuil du schéma familial tradi- tionnel. Ce Guadeloupéen a deux enfants de mères différentes. Il a été difficile pour lui d’accepter “l’échec”, comme il dit, ne pas avoir pu rester avec la mère de son premier enfant. “J’ai attendu 1 an de relation avant de présenter ma fille à ma copine.” Dans une famille recom- posée, chaque personne doit avoir son rôle. Mais Sarah* a du mal à inves- tir le sien. L o r s qu ’ e l l e rencontre son compagnon, il y a 23 ans, elle n’a pas d’enfant et devient belle-mère de deux filles. La plus grande, de 4 ans, vient en vacances en Guadeloupe mais pas la deu- xième, trop petite. Une complicité s’instaure, mais seulement avec l’aînée. “La grande, j’ai toujours voulu la prendre sous mon aile mais je reste numéro 2, puisqu’elle a déjà sa mère. Aujourd’hui, elle est adulte et maman à son tour. Je ne suis pas allée àla naissance de son fils pour ne pas prendre la place de sa mère, même si ma belle-fille insistait. J’aime beau- coupcette enfant, mais je ne peux m’imposer. Sa mère, je la hais, car elle nous a privés de la petite. Mais je ne la juge pas et je ne veux pas lui enlever sa fille. Le plus dur, c’est ça, trouver sa place.” TROUVER SA PLACE La psychologue rappelle que le rôle des beaux-parents n’est pas de prendre la place de l’autre ou de le priver de ses enfants, mais de créer sa place, de l’in- venter. La réalité n’est pas aussi simple. Comment donner de l’attention à une enfant que l’on ne voit qu’une fois par an ? “ll n’y a pas d’amour, mais c’est l’enfant de mon mari et si elle revient vers son père, je suis prête à la recevoir” , explique la belle- mère. Selon la psychologue, “il ne faut pas avoir peur de se position- ner dans une histoire existante. Il faut faire preuve d’empathie envers la peur, les angoisses, la possible souffrance de l’autre tout en continuant àconstruire sa nou- velle histoire sans nier celle des autres. Tout le monde a un passé ouen aura un.” COMMUNIQUER “De la qualité de la rupture, de l’histoire du couple et de la com- munication entre les membres de la famille va naître la confiance… EN CHIFFRES 1,5 million d’enfants vivent en famille recomposée en France,soit 11 % des 13,7 millions recensés en 2011.530 000 enfants vivent avec leurs deux parents et des demi-frères ou demi-sœurs, et 950 000 vivent avec un seul parent et un beau-parent. •••
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTE3NjQw