ANFORM GUADELOUPE N94
112 anform ! • janvier - février 2021 Promis, juré ! S’il n’y avait qu’un engagement à prendre cette année, ce serait celui-là ! En effet, “juger et critiquer sont devenus chez nous une seconde nature” , alertait Marshall Rosenberg, psychologue américain. PAR JENNY RONEL C e matin, vous vous réveillez de bonne humeur. Vous croisez quelqu’un et lui adres- sez un bonjour enthousiaste, et un beau sourire. Et voilà qu’en retour, vous n’obtenez rien ! Quoi que vous pensiez à cet instant, vous le jugerez certai- nement. Certains penseront : “Quel malpoli !” , d’autres : “Il est timide !” , ou : “Encore un qui a un problème.” Il est en effet très difficile d’observer le comportement de quelqu’un sans émettre une critique. SE SENTIR FRUSTRÉ Le jugement qu’une personne porte sur le comportement d’une autre dépend de ses propres connaissances, de ce qu’elle sait sur le monde, de ses croyances, et par conséquent de ses préjugés. Par exemple, une personne ayant un autiste dans son entou- rage aura moins tendance à juger quelqu’un qui ne répond pas à un bonjour. Si le comportement observé n’entre pas dans le cadre de nos propres valeurs, alors il sera consi- déré comme mauvais, et l’auteur sera dénigré. Pour Marshall Rosenberg, psychologue américain de renom et fondateur de la communication non violente (une communication qui se veut empathique), le fait de juger l’autre nous alerte sur nos propres besoins. En effet, en tant qu’être humain, nous avons des besoins fondamentaux. Besoins de survie (boire, manger, se reposer...), besoin d'autonomie (liberté, tranquillité...), besoin d’expression de soi (accom- plissement, croissance, évolution...), pour n’en citer que quelques-uns. Et lorsque, pour une raison ou une autre, nous n’arrivons pas à combler nos propres besoins, nous pouvons nous sentir frustrés ou en colère. Nous nous mettons alors à juger le comportement de l’autre de manière négative. Incon- sciemment, ce jugement reflète que Bonne résolution : j’arrête de juger ! © ISTOCKPHOTO nos besoins ne sont pas comblés, ou que ces comportements ne sont pas en accord avec nos propres besoins. Par exemple, penser : “Il est tellement prétentieux, celui-là !” , reflète peut-être que notre besoin d’estime de soi n’est pas comblé. Il serait peut-être bien d’y remédier. “ELLE NE PENSE QU’À ELLE” “Observer sans évaluer est la plus haute forme de l’intelligence humaine” , écrivait Jiddu Krishnamurti, penseur indien. Si le jugement de fait, neutre et objectif ( “J’ai dit bonjour et je n’ai pas eu de réponse” ), est une fonc- tion psychique normale, pratiquer le jugement de valeur ou moralisateur ( “Quel malpoli !” ), n’est pas naturel. En dénigrant et en dégradant l’autre, nous nous éloignons de la bienveil- lance et de la compréhension. Si nous avions été élevés avec “le langage du cœur” , comme l’appelle Marshall Rosenberg, nous aurions appris direc-
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