ANFORM GUADELOUPE N94

janvier - février 2021 • anform ! 69 “nomos” (la science). Le principe est que l’être humain recherche consciemment ou inconsciemment un état de sécurité et de paix inté- rieure. Pour l’obtenir, il construit des liens affectifs par le toucher. “Ce rapport enveloppant, plein de dignité et de respect fait qu’il se sent bien au monde”, explique Vermeille Annassamy. Elle pratique l’haptonomie depuis 9 ans, dans le cadre de son métier de sage- femme, mais possède une qualité de présence qui va bien au-delà. PSYCHOTHÉRAPIE Si l’haptonomie prend tout son sens pendant la grossesse, la technique est aussi utilisée par différents professionnels de santé. Elle peut ainsi être appliquée à tout domaine médical ou paramédical impli- quant des soins, y compris durant la fin de vie. “La science de l’affec- tivité implique une “manière d’être” qui est commune aux profession- nels imprégnés de cette pratique qu’ils soient kinésithérapeutes, infirmiers, ou psychologues”, décrit Vermeille Annassamy. Par le contact tactile ou juste par une présence rassurante, le thérapeute applique cette dimension affective essentielle aux rapports humains. Ce lien est crucial pour les per- sonnes qui souffrent. Produisant détente et confiance, elle permet aux patients de puiser dans leur élan vital pour mieux accepter les soins et retrouver dignité et bien- être. Ils deviennent acteurs de leur guérison. “Nous ne sommes pas là pour transformer les personnes. Ce sont elles qui le font” , explique la praticienne. L’application de l’haptonomie dans le cadre, par exemple, d’une psychothérapie commence généralement par cette question : “Qu’est-ce qui en ce moment serait bon pour vous, quel est votre besoin, votre envie ?” Puis, la séance se poursuit par la parole, le geste, l’expression des émotions, afin que le patient puisse prendre conscience de ses peurs et de ses mécanismes de défense. Ici, l’expérience de l’autre peut être vécue en toute sécurité. Un vrai lien humain se tisse. Il est sincère. MOINS DE TENSIONS Appliquée au domaine de la santé, l’haptonomie se révèle essen- tielle et mériterait d’être encore plus utilisée. “Dans les soins à l’hôpital, si toutes les infirmières étaient formées à la technique, elles travailleraient beaucoup mieux sans faire d’efforts sup- plémentaires” , songe Vermeille Annassamy. Hélas, il n’y a pas à sa connaissance de praticiens en Guadeloupe, hormis elle et une autre sage-femme. Les profession- nels sont formés au CIRDH (Centre international de recherche et de développement de l’haptonomie), basé à Paris et créé par Frans Veldman, le fondateur de l’hapto- nomie. Sur le site du centre figure la liste des spécialistes reconnus et qui continuent de se perfectionner au fil du temps. “Si on appliquait l’haptonomie à toute notre vie, y compris personnelle, il y aurait beaucoup moins de tensions” , reprend la spécialiste. On réalise alors qu’il s’agit d’une qualité de lien humain qui s’est perdue dans nos sociétés contemporaines et qui se perd encore avec la crise sani- taire. Nous avons de plus en plus rarement l’occasion de répondre pleinement à ce besoin fondamen- tal de contact dans nos relations avec les autres.

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