ANFORM GUYANE N87
novembre - décembre 2019 • anform ! 83 avecma famille qui me reprocherait le divorce ou m'étoufferait sous sa sollicitude. Du coup, je suis restée avecdes amis, mais ils étaient tous avecleurs enfants. Je me suis sentie très mal, abandonnée, etje suis partie très tôt.” Il lui a fallu 2ans pour appré- cier à nouveau les fêtes de famille de fin d'année. Pour les hommes, le ressenti social est un peu différent. Mais le mal-être est toujours là. “On n'arrêtait pas de me renvoyer l'image du célibataire qui allaitpouvoirprofiter de plaisirs individuels et être libéréde ses enfants. Le typique père qui ne sait pas gérer, confie Nathan, 41 ans et séparé depuis 2 ans. Le plus dur, c'est quand j'ai offert son cadeau à mon fils de 6 ans que je n'avais vu que quelques week-ends depuis le divorce. Il m'a dit que les toupies ne l'intéressaient plus. En quelques mois, j'avais perdu le contact...” Mais une fois les premiers moments diffi- ciles passés, la famille reprend ses marques. PARLER, RASSURER Si les parents ne dramatisent pas, et que l'enfant est préparé, il s'adaptera vite. Certes, les parents ne forment plus un couple, ils ne fêtent plus Noël ensemble. Mais ils sont toujours parents, et offrent deux fois plus de cadeaux. Un avantage qu'ils com- prennent tous assez vite ! Comment le préparer ? En lui expliquant sim- plement quels moments il passera avec l'un et quels moments avec l'autre. On peut par exemple fabri- quer un calendrier de l'Avent qui se prolongerait jusqu'à la fin des festivi- tés, figurant des papas Noël les jours avec papa et des mamans Noël les jours avec maman. Ne pas oublier de s'organiser pour voir les grands- parents, cousins, oncles, tantes des deux côtés de la famille. Et si l'enfant s'inquiète pour le parent absent ? “Il fautlui donner la possibilitéde passer un coup de téléphone. Même le tout-petit peut appeler s'il en ressent le besoin, conseille Annick Calaber. Dites-lui simplement que s'il le sou- haite, il peutappeler, mais que s'il n'a pas envie ou pas le temps, il souhai- tera un bon noël le lendemain.” L'idée étant toujours de rassurer, de parler, de confirmer qu'on passe aussi un bon moment. Si l'enfant sent que le parent vit un moment difficile, il ne s'autorisera pas à profiter des fêtes et culpabilisera. GUERRE D’ESPIONNAGE Évidemment, il y a quelques pièges à éviter. Certains, dès la première année, passent Noël avec une ex, comme si de rien n'était. Une très mauvaise idée ! Car la colère est encore là et, au détour d'une réflexion maladroite de l'un ou de l'autre, ou de la famille, la fête peut dégénérer en pugilat. Elle maintient surtout les enfants dans un entre-deux malsain, dans l'espoir que les parents vont se réconcilier... Et cela les empêche de faire le deuil du couple parental et de passer à autre chose. L'autre piège à éviter, c'est d’entrer dans une guerre d'espionnage en utilisant les enfants comme intermédiaires. A-t-il préféré le Noël chez papa ou chez maman ? Qui a offert le meilleur cadeau ? “Poserdes questions, c'est la meil- leure façon de se sentir mal”, confirme Annick Calaber. L'enfant comprendra ensuite très vite l'avantage qu'il peut tirer de ce jeu malsain pour obtenir ce qu’il veut. Et le cercle vicieux est enclenché. Il risque de vous coûter très cher et de vous remplir d'insatisfactions. Les fêtes des années suivantes, chacun pourra commencer à apprécier le bon côté des choses : apprendre à mieux connaître ses neveux et nièces, retrouver ses frères et sœurs sans la présence du conjoint, ou faire un noël avec des amis célibataires. “Il faut comprendre que la famille esten tran- sition. Le premier noël n'est souvent pas satisfaisant et c'est normal. Mais les choses vont se mettre en place. Il ne faut pas oublier que le divorce a pour objet de faire cesser une situa- tion douloureuse, pour que chacun puisse débuter une nouvelle vie.” Une nouvelle vie, avec de nouvelles habitudes, une nouvelle manière de passer les fêtes... dans un climat plus apaisé et plus heureux.
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