ANFORM GUYANE N91
juillet - août 2020 • anform ! 49 © ISTOCKPHOTO crayon ? Fait-il des phrases, peut-on le comprendre ? Se tient-il en retrait à l’école ? Si les réponses vont dans le sens d’un développement normal, alors c’est déjà très rassurant quant à l’origine du problème. Je passe ensuite à l’étude d’une autre cause récurrente de l’encoprésie, c’est la constipation.” La constipation est souvent la réponse à un manque de maîtrise de ses sphincters, à une trop grande pression (être propre avant d’entrer à l’école) ou encore à une ali- mentation mal équilibrée. Autre raison, celle de refuser de faire caca ailleurs que dans sa maison. Il y a des enfants qui refusent de le faire à l’école parce que ce n’est pas propre, parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise, qu’ils ont honte de demander. Alors, ils se retiennent jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus. Il y a aussi ceux qui sont pris par leur jeu et qui oublient d’y aller. DÉDRAMATISER Il arrive aussi que cette volonté de ne pas faire ne soit pas liée à la consti- pation, mais à de petites fissures anales qui font souffrir l’enfant quand il défèque. Autre origine, la maladie de Hirschsprung. C’est une anomalie du bas du côlon. Le muscle ne fonctionne pas bien et ne remplit pas sa fonction de “poussée”. “Surtout, il faut rassurer les parents, dédramatiser. La plupart du temps, l’encoprésie se règle rapi- dement.” L’essentiel pour les parents est de ne pas vivre cette situation comme un drame. Mais, au contraire, de chercher à comprendre avec un professionnel pourquoi l’enfant réagit ainsi. “D’une manière générale, chez un enfant, tous les symptômes ont une origine. Ce comportement a for- cément une signification soit physique soit psychologique. Il ne le fait pas pour embêter ses parents. Un enfant atteint d’encoprésie peut vouloir expri- mer un malaise qu’il ne peut pas expliquer avec des mots. Tout l’art est de ne pas louper cet appel. Si l’étude du parcours de l’enfant m’alerte sur des origines qui relèvent plus d’un choc émotionnel, j’invite les parents à consulter un psychologue. Une prise en charge psychologique de plusieurs séances suffit souvent à tout remettre en place.” Point rassurant pour les parents, un enfant qui n’a pas eu de gros soucis à la naissance (par ex, grand prématuré…), risque peu de développer une encoprésie psycho- logique. “De manière exceptionnelle, l’encoprésie peut être un des signes du spectre de l’autisme, pour un enfant qui aurait échappé à la détection.” BON RÉFLEXE “Le premier réflexe des parents est souvent de lui remettre une couche, au moins quand il est à l’école. De retour à la maison, ils enlèvent la couche et la mettent à la poubelle. C’est une erreur ! Il faut mettre le caca dans la cuvette des toilettes et bien le montrer à l’enfant. Et il faudra recommencer ce rituel systématiquement pour lui faire comprendre que c’est la place de son caca.” Par ailleurs, il est classique de mettre un réducteur sur la cuvette. C’est effectivement rassurant pour l’enfant qui aura systé- matiquement les jambes dans le vide. Or, s’il est un peu constipé, c’est très difficile de pousser dans cette position. Mieux vaut prévoir un petit tabouret pour poser ses pieds et lui offrir un appui. Pour les enfants qui sont constipés, le temps passé dans les toilettes à essayer de faire caca est forcément plus long. Souvent ils n’ont pas la patience d’attendre. Ils quittent les toilettes avant même que le proces- sus se soit mis en place. “Il est donc important de choisir le bon moment. En général, je conseille le soir, à la maison, après le dîner. La pause caca doit toujours être à peu près à la même heure, et se faire dans le calme. L’enfant finira par y aller seul.”
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