ANFORM GUYANE N94

janvier - février 2021 • anform ! 63 Libérée, délivrée… Il a choisi le podcast pour donner la parole aux femmes sur un sujet qui leur vaut le plus souvent d’être stigmatisées. Un sujet dit “tabou” mais qui intéresse tout le monde : le sexe. Rencontre avec Boni. PAR LARA MAURIOL “En corps..!” D’où vous est venue l’idée d’un podcast dédié à la sexualité de la femme antillaise ? Je suis sensible aux questions de discriminations (handicap, homo- phobie, sexisme…). La sexualité est un sujet qui nous intéresse tous, à différentes échelles. Mais dans l’es- pace public, c’est une thématique sur laquelle les femmes sont aussi discriminées. À travers ce podcast, j’ai voulu briser un tabou en donnant la parole aux femmes parce que cette parole leur est confisquée par nous, les hommes. Nous nous exprimons assez librement, faisons rire, suscitons l’admiration dès que nous parlons de sexe. En revanche, quand les femmes en parlent, on dit souvent que “c’est vulgaire” , “c’est sale” . C’est ma façon de faire avancer le débat, en toute humilité. C’est une démarche citoyenne. La société antillo-guyanaise semble décomplexée par rapport au sexe et paradoxalement très critique lorsque le sujet est abordé ouvertement. Aviez-vous de l’appréhension avant de lancer ce podcast ? Je n’avais pas d’appréhension. J’étais lucide. Je savais que c’était un sujet clivant. Il y a une forme de non-dit. Il ne faut pas en parler ! Pourtant, quand on regarde les chiffres de fréquentation des sites pornographiques, ils sont largement consultés !* Il y a des thématiques sensibles que j’ai toujours voulu aborder, mais cela n’a pas été pos- sible du fait de la présence de la caméra avec Moun.gp . C’est aussi pourquoi j’ai choisi uniquement le son avec “En corps..!”. Le chal- lenge : réussir à gagner la confiance de femmes pour qui j’étais un total le sexe en podcast ••• inconnu. Et pour me parler de leur vie intime ! Elles auraient même pu dévoiler encore plus, mais ce n’est pas le but. Ce n’est pas un pro- gramme voyeuriste ! Mary, Joranie… les premières femmes interviewées ont-elles eu des retours après s’être livrées ? En avez-vous eu vous-même ? Elles ont eu des retours comme : “Waouh, tu es courageuse”, “Je n’aurais jamais osé.” Certaines ont adhéré parce que c’est un homme qui est derrière cette démarche. Elles ont trouvé cela inattendu et très positif ! Un homme qui est dans l’interroga- tion et l’écoute. Elles ont aimé. Parmi celles qui n’ont pas accepté, j’ai entendu : “Je trouve ça vraiment très bien, super initiative, mais je ne suis pas prête, je n’ose pas. J’ai un com-

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