ANFORM GUYANE N97
juillet - août 2021 • anform ! 41 À propos de l’auteur Hilaire Annonay, botaniste martiniquais spécialiste des passiflo- racées, participe à l’inventaire des passiflores de Guyane. Avec Christian Feuillet, bota- niste, il a découvert et décrit deux espèces nouvelles pour la science : Passiflora aimae et Passiflora cerasina . Au bord des routes Quatre fleurs de la passion se sont installées au bord des routes, dans les halliers ou dans la forêt. La plus commune est Marie- Gougeat, encore appelée liane poc-poc ou passiflore foetide (Passiflora foetida) , à cause de son odeur désagréable. C’est une rudérale qui attire l’attention par ses bractées glanduleuses qui enveloppent un petit fruit orangé et sucré à maturité. Très peu visible, la passiflore Pat kanna (Passiflora andersonii) préfère les zones fraîches et l’alti- tude. Ses feuilles en pattes de canard lui ont valu son nom ver- naculaire. La passiflore “grain d’encre” (Passi- flora suberosa) est surtout présente en zone sèche dans le sud de la Martinique. Elle peut être envahissante et son nom d’espèce exprime sa tige liégeuse. Son petit fruit sphérique, rempli de graines, exsude un jus noir. Quant à Passiflora rubra, elle est encore plus discrète dans la nature. Ses feuilles palmées sont proches de Passi- flora Andersonii. Enfin, la pomme liane (Passiflora laurifolia) à feuilles de laurier se rencontre çà et là dans la nature. Passiflora foetida ou liane poc-poc Passiflora andersonii ou Pat kanna Passiflora suberosa En 1610, lorsque le missionnaire augustinien, Emanuel de Villegas, d’origine espagnole, débarque au Mexique afin de convertir les Indiens au christianisme, il y découvre cette liane grimpante aux fleurs troublantes. Une opportunité s’offre alors à lui, celle de transformer l’histoire en créant un mythe afin de convaincre les habitants qu’un signe céleste leur était adressé : celui de la Passion du Christ. Ainsi naquit la légende de la fleur de la Passion. Les fila- ments de la fleur représenteraient la couronne d’épines du Christ, les trois stigmates, les trois clous ayant servis à la crucifixion, les étamines, les cinq blessures infli- gées au fils de Dieu, les sépales et les pétales, les dix apôtres restés fidèles, les vrilles qui permettent à la plante de s’accrocher à son support, le fouet de la flagellation. Enfin, les feuilles palmées, la main du bourreau. Ainsi naquit la légende… © HILAIRE ANNONAY © HILAIRE ANNONAY © HILAIRE ANNONAY
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