ANFORM MARTINIQUE N111

102 |anform ! ◆ novembre - décembre 2023| |BIEN-être ◆ Sexualité| « C’était obsessionnel » Pour Evelyne Torquato, thérapeute de couple et sexologue, le couple de Bruno est à l’image des générations actuelles, plus ouvertes au porno. Le visionnage de films X au sein du couple peut être, selon l’experte, un tremplin pour pimenter sa vie sexuelle. Le désir est stimulé. Ce type de cinéma « peut amener des idées de scénarios ou des pratiques nouvelles, pour une sexualité plus diversifiée. On ouvre le champ des possibles », affirme-t-elle. Ce qui demeure primordial pour la professionnelle est que les partenaires communiquent sur leurs désirs. C’est la meilleure manière d’entretenir leurs univers fantasmatiques. Mais attention, prévient la sexologue, tous les fantasmes n’ont pas vocation à être vécus et ce qui est grisant peut devenir dangereux. Car un couple construit son intimité sur cinq piliers (intellectuel, émotionnel, social, spirituel et physique). Le porno, dans son aspect brut, ne permet pas la construction du « cœur à cœur et corps à corps où on crée un truc à nous », insiste Evelyne Torquato. Moïra, Martiniquaise de 47 ans, en a fait l’expérience lors de sa dernière relation. « Je voulais que notre couple se développe d’abord. Mais ses demandes sont arrivées trop tôt, après 3-4mois », se remémore la Foyalaise. Son compagnon, friand de sexe à plusieurs, introduit le porno pour « débrider » Moïra. « Il essayait souvent le film X en fond sonore du dîner, en soirée dans la chambre. C’était obsessionnel. Il me reprochait de ne pas faire assez de choses, Quelques chiffres ⚫ 64 % des femmes et 92 % des hommes admettent avoir déjà visionné un film X. ⚫ 55 % ont déjà regardé un film pour adultes en couple. ⚫ 43 %, ayant vu un film X, ont déjà fait l’amour devant. ⚫ 47 % ont déjà essayé de reproduire des scènes/positions vues dans un film porno. ⚫ 40 % des hommes et 30 % des femmes admettent avoir déjà eu plus envie de regarder un film X que de faire l’amour avec leur partenaire. Source : Enquête Ifop, La place de la pornographie dans la vie de couple et son impact sur la vie sexuelle. Échantillon de 1 050 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (2014). était comme voir un documentaire. On se disait : tiens, on va tester ça, des sextoys, jeux de rôles… » Des années plus tard, elle rencontre un compagnon « à la vidéothèque X très fournie ». Elle se souvient qu’il prenait plaisir à regarder des films avec elle. « Ça nous a rapprochés et appris davantage sur le BDSM (bondage, domination, soumission, sado-masochisme) », déclare-t-elle. Pour la Baie-Mahaultienne, il faut discuter et ne pas hésiter à fixer des limites dans le visionnage du porno en couple. Toujours chercher à calquer ce qu’on voit à l’écran est déconseillé. « C’est comme une recette. Il faut savoir adapter », conclut-elle, espiègle. certaines positions ou de ne pas être réceptive à ses achats de cravache, menottes », regrette-t-elle. Moïra souffle : « Je voulais juste qu’on se connaisse mieux, qu’on apprenne à se comprendre intimement. » « Ça nous a rapprochés » Créer le partage plutôt qu’imposer est précisément le conseil qu’Ida-Marie Mandala, sexologue et thérapeute donne à ses patients. Le X peut être l’ennemi de l’intimité sexuelle. « Les images sans séquence de séduction, en gros plans appauvrissent notre créativité, notre imaginaire érotique alors que celui-ci est au cœur de notre sexualité », décrit l’experte. Elle indique qu’il faut savoir revenir à la sensualité, au toucher, à la douceur de moments passés ensemble. Un équilibre qu’Arlette, 42 ans, a su trouver pendant 13 ans de mariage et après, avec un partenaire. « Regarder du porno avec monmari

RkJQdWJsaXNoZXIy MTE3NjQw