ANFORM MARTINIQUE N113

|Rendez-vous| 10 |anform ! ◆ mars - avril 2024| Lycinaïs Jean « Je suis un électron libre ! » ◆ Par Anne de Tarragon Elle se fait appeler Lycinaïs Jean (prononcez « djine »), comme ces génies orientaux qui, c’est sûr, se sont penchés sur son berceau. Artiste sensible et authentique, elle prône la liberté comme art de vivre. Née d’un père martiniquais et d’une mère guadeloupéenne, Lycinaïs est tombée dans la musique quand elle était toute petite. « Mon père était un zoukeur, ma mère écoutait de la soul, du RnB, de la musique américaine. Ma grand-mère m’a offert une guitare. J’ai joué dans un groupe créé par mon parrain. Alors, oui, je crois qu’on peut dire que la musique, sous toutes ses formes, a nourri mon enfance. S’inscrire dans une tradition musicale, dans la culture antillaise que mes parents m’ont transmise, a conditionné qui je suis en tant qu’artiste, en tant que personne aussi. » Pour rassurer ses parents, elle suit un parcours scolaire à même de lui procurer un « vrai métier », mais ne se passionne ni pour ses études de commerce ni de cuisine. Entre temps, le succès la rejoint et elle s’installe dans la musique comme chez elle. Son goût des choses saines Son rapport aux Antilles est fait de mots, d’endroits signifiants, d’odeurs et de goûts aussi, notamment celui des dombrés que sa grand-mère improvisait. « Elle arrivait toujours à faire un plat de dombrés avec ce qu’il y avait dans le frigo ! C’est surtout ça que je retiens d’elle, sa créativité culinaire ! C’est de la Guadeloupe et de ma grand-mère que je tiens le goût des choses saines. Si j’ai une bonne alimentation, c’est parce que j’ai toujours mangé des fruits et légumes et que j’adore ça. Ça ne me demande aucun effort de perpétuer ce que j’ai connu dans mon enfance. Ce n’est pas comme le sport, que je n’ai jamais beaucoup pratiqué ! Mais je m’y mets, pour ma santé essentiellement. Je viens d’avoir 30 ans, je dois me maintenir ! » Son chemin de vie Pour autant, rien de rigide, ni d’obligatoire, Lycinaïs cultive la liberté. Elle se donne le droit et la possibilité de choisir tout autant ses horaires que ses activités. « Je me lève quand je me lève, je dors quand je dors, je mange quand j’ai faim. Je ne m’embête pas. Je suis un électron libre dans ma vie de tous les jours. J’allume mon ordinateur pour jouer de la musique, je compose, je fais une activité qui me détend, ou rien ! Le mot important pour moi, c’est « libre ». Je considère que la liberté est aussi une hygiène de vie : faire ce qu’on veut, quand on veut. Ça rend heureux. » Le bonheur, justement, est-ce si évident de le construire, de le vivre, de le créer jour après jour ? « Être heureux, c’est le travail de toute une vie. Il y a des jours où je suis heureuse et d’autres où je le suis moins, mais c’est aussi grâce à ces jourslà que j’arrive à savourer les choses positives. C’est un équilibre. » Pour Lycinaïs, l’amour est l’étai de cette harmonie : « Quand ça ne va pas en amour, ça ne

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