ANFORM MARTINIQUE N84
mai - juin 2019 • anform ! 17 dans le cadre du projet Target Malaria . Enfin, d'autres équipes, notamment à l'Imperial college à Londres, travaillent sur d'autres types de manipulations génétiques. Il s'agirait cette fois-ci de doter le moustique d'un gène qui le rendrait résistant à une infection contre le parasite responsable du paludisme. Si l'insecte n'est plus infecté, il ne peut plus transmettre la maladie à l'homme. Mais aucun lâcher dans la nature n'est prévu pour l'instant. RÉSISTANTS Ces techniques suscitent un mélange d'espoir et de crainte dans les pays victimes des maladies vectorielles. Le chikungunya, la dengue, le zika et le paludisme sont responsables de plus d'un million de décès chaque année dans le monde. “La France est très concernée en Outre-mer mais aussi en Métropole, car le moustique tigre se répand dans le sud méditerranéen, sous l'effet du réchauffement climatique”, souligne Louis-Clément Gouagna, Quand ces mâles sont relâchés dans la nature, ils s'accouplent avec des femelles de leur espèce. Les larves qui en résultent meurent rapidement. Et comme la femelle ne pond que les œufs issus de sa première union, elle n'aura pas d'autre descendance. Selon la société Oxitec, “des essais de per- formance au Brésil, au Panama et dans les îles Caïmans ont appliqué cette approche, et dans chacun de ces essais, la population d' Aedes aegypti a été réduite de plus de 90 %, un niveau exceptionnel de contrôle par rapport aux méthodes conventionnelles comme les insec- ticides”. La société est également en train de développer des OGM à partir du moustique Aedes albopic- tus qui transmet lui aussi la fièvre jaune, la dengue et le chikun- gunya. D'autres équipes dans le monde travaillent sur une modi- fication génétique de l' Anophele gambiae , vecteur du paludisme. Environ 10 000 mâles stériles de cette espèce doivent être relâ- chés cette année au Burkina Faso ••• © ISTOCK entomologiste à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) de La Réunion. Les autorités nationales sont plutôt favorables à ces approches. Car aujourd'hui, pour lutter contre les épidémies de maladies vectorielles, on ne dispose que d'insecticides. Polluants, parfois toxiques pour l'homme, ils perdent en efficacité car les moustiques deviennent résistants. Le malathion, toxique pour les organismes aquatiques, les abeilles et les oiseaux, est par exemple interdit d'utilisation en France en 2008. La dérogation qui s'appliquait en Guyane a pris fin en 2015, date à laquelle le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe l'insecticide dans la catégorie “cancérogènes probables” . En 2016, l'organisation mondiale de la santé encourage donc l'usage de moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre le virus zika. En France, en 2017, le Haut conseil des biotechnologies n'écarte pas le
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