ANFORM MARTINIQUE N86

8 anform ! • septembre - octobre 2019 rencontre maman et écrivaine Estelle-Sarah Bulle a fait une entrée remarquée en littérature. Elle se confie aujourd’hui sur son enfance, ses émotions, ses envies, sa vie de femme, de mère et d’auteure. PAR MATHIEU RACHED E lle ne passe plus tout à fait incognito à l’aéroport de Pointe-à- Pitre. Propulsée sur la scène médiatique en septembre 2018 lors de la parution de Là où les chiens aboient par la queue, la jeune femme métisse est depuis régulièrement sollicitée, photogra- phiée, interviewée sur qui elle est, son parcours, son attachement à la Guadeloupe... Elle est née et a grandi en banlieue parisienne ? Elle est devenue “l’enfant du pays” dans un article de journal, sourit- elle, à la fois touchée et amusée. Le créole qu’elle comprend mais ne parle pas vraiment ? Un signe de différence manifeste dans l’en- fance qui n’est plus qu’un détail, tout au plus une curiosité pour les journalistes. Aujourd’hui, Estelle- Sarah Bulle est écrivaine. À 44 ans, maman de trois enfants, auteure d’un premier roman, elle a quitté son travail de directrice adjointe d’un parc classé monument his- torique au nord de Paris, pour se consacrer entièrement à l’écriture. “Depuis l’enfance, j’ai toujours voulu écrire. J’ai attendu sans doute une certaine maturité…”, retrace-t-elle. Et puis, “écrire un livre n’est pas seulement écrire. Ça commence avec tout ce qu’on fait avant, toutes les expériences que l’on a, les émotions, les envies, les rêves et aussi avec les lectures que l’on fait. Je suis d’abord une grande lectrice, c’est ce qui a forgé l’auteure que je suis aujourd’hui”. UN JOUR PAR SEMAINE C’est en 2016 qu’elle se lance dans l’aventure en passant à temps partiel, à 80 %. Officiellement, pour ses collègues de travail, elle profite de cette journée pour s’occuper de son dernier né de 2 ans. En réalité, son bout de chou est à la crèche tandis qu’elle se consacre à son projet d’écriture, “chaque lundi de 8 h 30 à 16 h 30, dès que les enfants étaient partis à l’école et jusqu’à la fin de la classe” , se sou- vient-elle. Au bout de 10 mois de discipline, elle tient une première version aboutie de son manuscrit. S’ensuit la réponse positive de Liana Levi qui devient son éditeur, puis le succès immédiat auprès des libraires, des critiques, du public. Ce succès unanime lui a fait tourner la tête ? “Ça arrive à un moment où j’ai déjà connu d’autres choses, sourit-elle. C’est très agréable, c’est sûr, mais ça n’est pas comme si le succès me tombait dessus du premier coup à 25 ans”, analyse-t-elle. Aujourd’hui, elle se dit heureuse de se consacrer entièrement à l’écriture, toujours au rythme des horaires d’école ! “À 16 h, quoi qu’il arrive je dois arrêter pour récupérer et m’occu- per de mes enfants. C’est certain, très souvent il y a une frustration. J’aimerais continuer à écrire ou poursuivre une idée, mais je m’in- terromps et passe à autre chose. Si une idée est vraiment importante Estelle-Sarah Bulle, •••

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