ANFORM MARTINIQUE N92

septembre - octobre 2020 • anform ! 167 La plongée bouteille apporterait des bénéfices dans le traitement des pathologies liées au stress (syndrome de stress post-traumatique, burn- out ...). Des protocoles spécifiques de plongée subaquatique ont même été développés. PAR LUCIE DANIEL de Vincent Meurice, moniteur de plongée, également sophrologue. Ce dernier est justement en train de développer des plongées “amélio- rées” mêlant sophrologie, préparation mentale sportive et méditation de pleine conscience. Une aubaine pour le scientifique qui décide de s'asso- cier au plongeur pour une nouvelle étude. Objectif, utiliser, tester et déve- lopper des techniques de plongée “adaptées” aux pathologies reliées au stress. RESCAPÉS D'ATTENTATS Aussi, les chercheurs décident de cibler leur étude sur le syndrome de stress post-traumatique (PTSD), car ce trouble est très “lisible”. Il est carac- térisé par la reviviscence (flashback), des troubles cognitivo-comportemen- taux (addiction), une hypervigilance et l'évitement (lieu, personne, situa- tion). Il est donc relativement “aisé” d'observer des évolutions dans ses composantes spécifiques. Grâce à l'association Life for Paris, qui aide les victimes des attentats de Paris de 2015, est né le projet Divhope , une étude visant à étudier l'effet des plon- gées “améliorées” sur des victimes des attentats de Paris, souffrant de PTSD. L'expérience a lieu en Guade- loupe en 2017. Les participants sont séparés en deux groupes. Un groupe de plongeurs et un groupe témoin. Le premier groupe pratique la plongée pendant les 2 semaines du séjour, tandis que le groupe témoin pratique d'autres activités sportives comme l'équitation, la randonnée, le kayak... Des questionnaires sur le stress sont proposés à l’entrée, pendant, et à la sortie du séjour. Mais aussi 1 mois, 3 mois et 6 mois après le voyage. La qualité du sommeil est également évaluée, ainsi que l'évolution du rythme cardiaque. Résultats, les per- sonnes du groupe plongée, plus que celles du groupe témoin, observent une diminution immédiate de leurs troubles. Mieux, les bienfaits ont perduré pendant 6 mois. EN APESANTEUR Une autre expérience, appelée Cogni- dive, a lieu à Malte en septembre 2018. Objectif, améliorer la cogni- tion et la réinsertion de militaires revenant de zones de combats et souffrant de traumatismes. Une fois de plus, le principal outil de mesure est un questionnaire sur la perception du stress et du bien-être. “Les résul- tats de Divhope, comme ceux de Cognidive, sont vraiment encoura- geants, confie Vincent Meurice. Des militaires nous ont dit que pour la première fois, ils n'ont pas pensé à leur traumatisme pendant 45 min (le temps de la plongée). Certains plon- geurs, rescapés du Bataclan, sont même revenus en Guadeloupe après C’ est une histoire qui débute par un burn- out. Un jour, Frédéric Beneton, analyste financier, se retrouve dans un état d'épuisement professionnel profond. Il se rend compte que la plongée sous-marine lui apporte un bien-être mental et physique qu'il ne retrouve dans aucune des autres activités pra- tiquées durant ses congés. C'est pour lui le seul moyen de “décompresser”. Cette prise de conscience le pousse, en 2014, à passer un master en physiologie des conditions extrêmes à la faculté de médecine de Marseille. Le sujet de son travail de recherche réalisé pour son master ? Les bien- faits de la plongée bouteille sur le stress perçu et le bien-être. Pour son étude nommée Divstress , Frédéric Beneton travaille sur la modification de la protéine du stress chez des rats placés en caisson hyperbare. Puis, il recueille, via des questionnaires, des centaines de témoignages de plongeurs et de moniteurs de l'UCPA. Premiers résultats : la plongée bou- teille aide ses adeptes à avoir une meilleure réponse au stress. Et le bénéfice s'étendrait sur plusieurs mois. Mais l'histoire ne s'arrête pas là et l'aventure prend un tournant décisif grâce à une rencontre. Pendant son master, Frédéric Beneton passe son niveau trois de plongée à Bouil- lante, en Guadeloupe, dans le centre •••