ANFORM MARTINIQUE N94

janvier - février 2021 • anform ! 17 ••• © ISTOCK l'homme via les civettes. Son cousin, le syndrome respiratoire du Moyen- Orient (Mers), dû également à un coronavirus, se propagerait par les chauves-souris et les dromadaires. On entend également parler de cas de salmonellose ou de listériose, des zoonoses bactériennes trans- mises par l'ingestion de nourriture. Le passage de l'animal à l'homme suit toujours le même scénario. Le pathogène circule chez une espèce animale dans un certain territoire. Il est équipé pour s'accrocher à ses cellules, et sait y trouver de quoi croître et proliférer, source d'énergie, outils pour multiplier son génome, matériaux de base. Comme l'orga- nisme qu'il infecte meurt un jour, le pathogène a aussi les moyens de passer d'un individu à l'autre pour assurer sa survie. Soit par contact direct avec un individu malade, par contact sexuel (maladies sexuelle- ment transmissibles), par morsure, par piqûre, par l'intermédiaire de gouttelettes humides (aérosols) que le porteur émet en respirant. Comme tous les êtres vivants, ces pathogènes mutent lorsqu'ils se reproduisent. Ils peuvent ainsi se doter de moyens pour pénétrer des cellules différentes de leur hôte habituel, par exemple des cellules humaines et y prolifé- rer. Si ces mutants parviennent au contact de l'homme, c'est poten- tiellement le début d'une nouvelle maladie humaine, plus ou moins virulente. Et si, en plus, ils sont dotés d'un moyen de se transmettre d'un homme à l'autre, alors la pandémie menace. RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE Il est donc naturel de voir émerger de nouvelles zoonoses réguliè- rement dans l'espèce humaine. Mais ces derniers temps, le rythme d'alerte semble s'accélérer, avec des maladies particulièrement dangereuses : Sida, Ébola, grippe espagnole, Covid-19... Selon le rapport rédigé par Madeleine Lesage pour le ministère de l'Agriculture en 2014 : “Les maladies infectieuses tuent 14 millions de personnes par an et 90 % des agents patho- gènes actuellement recensés étaient inconnus dans la décennie 1980.” Certes, une partie de cette accé- lération est due au fait que notre vigilance face aux épidémies a augmenté. On surveille plus, donc on repère des zoonoses qui seraient passées inaperçues il y a 50 ans. Mais il semble aussi que les émer- gences sont plus nombreuses. Le réchauffement climatique serait une des causes de cette accélération. Il facilite, par exemple, la prolifération des moustiques tigres (vecteurs de la dengue ou du chikungunya) dans le sud de l’Hexagone. “On trouve des zoonoses sous toutes les latitudes, mais plus souvent en zone tropicale, car la biodiversité y est plus importante, souligne le Dr Loïc Epelboin, infectiologue au Centre hospitalier de Cayenne. Plus d'animaux et plus d'espèces, cela donne plus de chances de trans- mission à l'homme. Par ailleurs, certains pathogènes, notamment les bactéries prolifèrent mieux en zone chaude et humide.” Résul- tat, en Guyane on trouve un grand nombre de zoonoses, comme la leptospirose (une fièvre due à une bactérie que l'on trouve dans l'urine des rongeurs), la leishmaniose (une infection cutanée ou digestive provoquée par un protozoaire porté par des insectes phlébotomes), la toxoplasmose (une infection para- Le moustique tigre, vecteur de la dengue et du chikungunya. Le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) était dû à un virus hébergé par les chauves-souris.

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