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décembre - janvier 2015

anform !

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“Je devais me marier, j’avais 25ans. Mais, deuxsemaines avant

le jour J, je me suis fait larguer. Deuxans de déprime ont suivi. Et

un jour, j’ai décidé que plus rien venant des hommes ne m’attein-

drait. C’était ma seule façon, selon moi, de remonter la pente.

J’ai commencé, un peu comme une vengeance, un jeu malsain,

à collectionner les relations d’un soir. Cela m’a apaisée, donné

une impression de toute-puissance pendant quelques années. On

vit à une époque oùc’est super facile de passer à l’acte, avec les

sites de rencontre en ligne, les chats, les webcams… Jusqu’au

jour oùj’ai réalisé que je ne pouvais plus m’en passer. J’ai essayé

de diminuer mais ça me rendait très agressive. J’ai même pris

des anxiolytiques. Je suis tombée amoureuse, il y a 5ans. Une

belle histoire avec un projet de vie commune et de bébé. Mais ça

n’a pas tenu car je voyais des hommes en dehors. J’avais beau

expliquer que ce n’était que sexuel, il ne l’a pas accepté. Et je com-

prends. D’ailleurs, on reste amis. Il m’est arrivé d’avoir une dizaine

d’hommes en même temps. Ça me dégoûte un peu parfois et, en

même temps, j’ai encore le sentiment de vivre plus fort. Et surtout

de me venger de tout ce qu’on m’a fait. J’ai essayé d’en parler à

un psy qui travaille sur le comportement, mais j’ai arrêté au bout

de quelques séances. Je ne suis pas prête à vivre autrement. En

fait, pour être honnête, c’est le regard des autres qui me gêne.

Mais au fond, je m’accepte comme je suis. Il faut juste que je fasse

une croixsur la vie à deux.”

L’AVIS DE LA PSY

“Pour Marina, à mes yeux ce n’est

pas une addiction mais un deuil

qui n’a pas été réalisé. Aujourd’hui,

elle est insérée socialement, elle

s’accepte telle qu’elle est, elle

connaît les conséquences de

ses actes et se protège sexuelle-

ment. Le vrai souci à mon sens est

l’image qu’elle a d’elle-même…

Mais, comme elle le dit très bien,

cette image est faussée par ce que

lui renvoient les autres. En parler

dans un collectif pourrait sans

doute l’aider.”

Marina, 35 ans,

sex-addict

“J’avais beau expliquer

que ce n’était que sexuel,

il ne l’a pas accepté.”

© ISTOCKPHOTO

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