ANFORM GUADELOUPE N87

122 anform ! • novembre - décembre 2019 l’Odeadom (2) . Une importation à la hausse depuis 2010 (sauf en Guyane) et influençant notre manière de nous alimenter. “Il reste très difficile d’être 100 % locavore chez nous, parce que tout est fait pour que le consommateur se dirige vers ce qui vient de l’extérieur. Mais en réalité, notre seul frein est notre volonté. Si celle-ci devient collec- tive, nous aurons gagné” , insiste Eddy Babel. Pour les sceptiques, cesser d’importer des produits alimentaires serait un frein pour les économies des pays en voie de développement ou émergents. Argument peu convaincant pour les consommateurs. Selon un sondage Crefoc, 21 % des Français privilé- gient les produits fabriqués proches de chez eux. Ils n’étaient que 14 % en 2009. Une motivation éthique à laquelle le ministère de l’Agricul- ture répond, dès 2014, avec une brochure sur les Soutiens financiers mobilisables pour l’approvisionne- ment de la restauration collective en produits locaux et de qualité. Des consommateurs, locavores ou non, de plus en plus en recherche d’informations et de sécurité en matière alimentaire. Une défiance s’expliquant par les scandales alimentaires à répétitions (vache folle…), mais aussi par des alertes multiples sur la qualité nutrition- nelle de certains produits. ÉDUQUER SON PALAIS “Avons-nous vraiment le choix ? Nous sommes des insulaires. 80 % de notre alimentation provient de l’extérieur. Si pour cause de guerre, et cela a déjà eu lieu, les bateaux ne viennent plus nous approvision- ner, que deviendrons-nous ? Nos aînés, locavores sans le savoir, ont pu s’en sortir. Mais nous ?” , inter- roge le Dr Henry Joseph. Comment commencer ? Eddy Babel conseille de s’approvisionner régulièrement au marché, d’avoir un petit jardin, d’apprendre à cuisiner les produits du terroir, de s’affilier à des réseaux d’agriculteurs locaux, d’éduquer son palais et de faire confiance au professionnalisme de nos compa- triotes. “Il faut mettre en place des étapes collectives et individuelles. Commencer par fournir des pro- duits seulement aux collectivités et au secteur public. Ensuite, maîtriser toutes les techniques industrielles. En parallèle, réapprendre à nourrir nos bébés avec des produits locaux. L'apprentissage du goût se fait entre 6 mois et 3 ans” , recommande le Dr Henry Joseph. Le locavorisme s’étend à tous les domaines de la vie quotidienne : cosmétiques, textiles, énergie… “Tout est possible. Nous pourrions fabriquer nos vêtements avec du coton. Marie-Galante en avait à profusion ! Nous possédons des trésors et nous sommes en train de mendier, en nous rendant malade. Valorisons plutôt nos atouts excep- tionnels”, incite le Dr HenryJoseph. (1) Pascale Ertus et al, Consommation alimentaire locale : entre locavorisme et régionalisme, Hal 2018. (2) Comportements alimentaires en 2025 - Tendances et impacts, 2016. ••• © ISTOCKPHOTO © ISTOCKPHOTO

RkJQdWJsaXNoZXIy NzAwODEx