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anform !
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janvier - février 2016
Amor à mort !
Quand on aime,
on ne compte pas ?
Par amour, certains
quittent famille,
conjoint, mode de
vie, travail, racines.
D’autres changent de
religion, de culture,
vident leur compte en
banque, se mettent en
danger… Mais d’autres
encore se subliment,
prennent des risques,
osent l’impossible,
l’impensable.
Par ClémenTine DauTel
psycho
P
iaf chantait : “
J’irais
jusqu’au bout du monde,
je me ferais teindre en
blonde si tu me le deman-
dais, je renieraismes amis…”
Brel, lui,
se proposait de “
devenir l’ombre de ton
ombre, l’ombre de ta main, l’ombre
de ton chien”
. Pendant des années,
Maryse, elle, a aimé un homme qui
l’a entraînée au fond d’un gouffre fait
de drogue, d’alcool et de coups. Elle
était sous l’emprise de l’amour qu’elle
éprouvait pour lui, ayant abdiqué tout
instinct de vie, de survie.
“Il faut l’avoir
vécu pour le savoir. Je ne pouvais pas
partir, j’étais comme emprisonnée
par ce lien. Je savais que cette vie
était un enfer. Et, pourtant, j’yrestais.”
Enceinte de son deuxième enfant, elle
a un sursaut. Un jour, sans le sou,
elle rassemble quelques affaires et
s’enfuit.
“Pendant des mois et même
des années, j’ai refusé de le voir, de
le croiser. Je n’étais pas sûre de ne
pas retomber dans ses bras, dans son
enfer. Ce sont mes enfants qui m’ont
sauvée. Pour eux, j’ai eu la force de
partir et de tenir.”
PUISSANT
DÉSIR DE FUSION
Comme l’explique le psychologue Ra-
phaël Spéronel,
“il y a dans l’amour,
une logique qui n’est plus ni carté-
sienne ni rationnelle, mais affective,
une logique par nature non linéaire et
imprévisible. Au début de la relation, il
y a dans le délire amoureux un désir
de fusion, une perte de soi. Cela frise
le fantasme, l’irréalité, l’aliénation. Et
tous les mécanismes qui permettent
de tempérer l’affect,l’énergie émotion-
nelle ne fonctionnent plus. Poussés à
bout, ils ne se régulent plus. C’est une
phase normale. Mais il ya des degrés
dans cette perte de soi. L’identité peut
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